La communauté israélite orthodoxe d’Anvers Machsike Hadas

Si, pendant la plus grande partie du 19e siècle, la communauté juive d’Anvers est fort semblable à celle des autres villes du pays, c’est-à-dire profondément attachée aux valeurs et traditions du judaïsme, tout en s’inscrivant franchement dans la modernité, les Juifs qui s’installent à Anvers à la fin du 19e siècle en provenance d’Europe centrale et orientale sont, en majorité, d’observance plus stricte.

Ils vont donc, tout naturellement, souhaiter ériger une communauté et des institutions respectant rigoureusement cet esprit d’orthodoxie.
De facto, cette communauté voit le jour dès 1892.
En 1895, elle met sur pied l’école juive pour garçons, Jesode-Hatora.
En 1936, s’y adjoindra l’école juive pour filles, Beth-Jacob.
La réunion des deux écoles porte le nom : Jesode-Hatora - Beth-Jacob.

Encore actuellement, aucune des deux sections n’est mixte.

Cette institution devient l’une des écoles juives orthodoxes les plus importantes du monde.
Le cimetière de Putte, petite commune frontalière hollandaise, est inauguré par la communauté Machsike Hadas dès 1908.
La reconnaissance officielle de la Communauté Israélite Orthodoxe d’Anvers Machsike Hadas intervient en 1910 (A.R. du 14 décembre).
Au lendemain de la guerre 1914-1918, Machsike Hadas inaugure sa grande synagogue de la Oostenstraat, conçue par l’architecte Jules Hofman. ».

Alors que la grande majorité des synagogues du pays sont de style néo-roman ou oriental, celle de la Oostenstraat est dans le style Art Nouveau .

En 1929, la communauté orthodoxe d’Anvers fonde une Yechiva (Ecole talmudique) à Heide, près d’Anvers.

De 1940 à 1945, l’horreur de la Shoah frappe la communauté juive d’Anvers comme toutes celles du continent européen.

Dès 1941, plus précisément le 14 avril, lundi de Pâques, le quartier juif d’Anvers avoisinant la gare centrale est attaqué par une bande d’environ 200 sympathisants de l’occupant à l’issue de la projection d ‘un film antisémite. Les agresseurs appartiennent majoritairement à la SS flamande, la brigade noire et le VNV.
Se dirigeant vers les synagogues de la Oostenstraat, ils brisent, sur leur chemin, les vitres de dizaines de commerces appartenant à des Juifs. Ils pillent ensuite les synagogues de la Van den Nestlei et de la Oostenstraat, y saccagent le mobilier, profanent les objets de culte et mettent le feu aux synagogues, ainsi qu’à la maison d’un rabbin. Cet événement est connu sous le nom de « mini-pogrom d’Anvers ».

On connaît également le lourd tribut que devra subir la communauté juive d’Anvers pendant la période tragique des rafles d’août à septembre 1942 et qui allait coûter la vie à des milliers de ses membres, déportés dans les camps de la mort.

Après la guerre, les rescapés de la « solution finale », élaborée par le nazisme à l’égard de la communauté juive, s’attèlent à la reconstruction des institutions juives dévastées.

Au lendemain de la Shoah, la communauté juive orthodoxe d’Anvers reprend ainsi vie petit à petit. En 1946, la Yechiva s’ouvre à nouveau, mais à Kapellen (également près d’Anvers).
En 1954, Machsike Hadas nomme le rabbin Chaïm Kreiswirth, qui est une sommité mondialement reconnue du Talmud.

Et la communauté israélite orthodoxe d’Anvers retrouve un peu de sa superbe d’antan, toujours grâce à l’investissement quotidien de ses membres, qui font preuve, plus que jamais, de ce dévouement qui caractérise depuis toujours cette belle communauté.

Il faut également noter que les nombreux hassidim que l’on peut encore voir de nos jours à Anvers et qui se subdivisent en nombreux courants distincts, ayant chacun ses traditions propres, ainsi que ses oratoires particuliers et même, parfois ses institutions d’enseignement propres, font partie de la Communauté Israélite Orthodoxe d’Anvers Machsike Hadas et en constituent une part importante de son caractère original.