La communauté israélite d’Anvers Shomre Hadas

Au moment de l’indépendance de notre pays, une communauté juive est déjà bien présente à Anvers et le besoin d’une synagogue se fait sentir d’une manière pressante.

Le 21 septembre 1832, une première synagogue est inaugurée (Paardenmarkt 83), suivie d’une seconde (Pieter Potstraat) en 1844 , la première étant devenue trop exiguë.
Il est, par ailleurs, intéressant de noter qu’un petit local, attenant à cette synagogue, sert d’école.
Les années qui suivent l’indépendance voient la communauté juive de la Métropole gagner en importance. De plus, dès la fin du 19e siècle, de nombreuses communautés juives d’Europe centrale et orientale sont victimes de persécutions. Celles-ci, mais surtout les pogromes, incitent de nombreux coreligionnaires à se mettre à la recherche d’horizons meilleurs. Anvers, ville portuaire de première importance, est une étape fréquente sur la route qui mène, par exemple, aux Etats-Unis. De nombreux Juifs arrêtent cependant leur voyage à Anvers pour des raisons diverses et s’y installent.
Tout naturellement, la communauté israélite d’Anvers se développe et crée l’infrastructure communautaire nécessaire à son essor.

La reconnaissance de la Communauté Israélite d’Anvers Shomre Hadas intervient en 1876 (A.R. du 7 février).

Rapidement, la synagogue de la Pieter Potstraat, par sa situation et sa taille, ne répond plus aux besoins des fidèles et on se met à étudier les possibilités d’acquisition d’un terrain en vue d’y construire un lieu de culte plus approprié.
Le 7 septembre 1893, on inaugure la splendide synagogue « hollandaise » de la Bouwmeestersstraat, de style oriental, dont l’architecte juif, Joseph Hertogs, s’inspirant de projets préalables de l’architecte Ernest Stordiau, réalise ainsi l’un des joyaux architecturaux en ce domaine.

En 1912, la communauté acquiert un terrain au coin de la Van den Nestlei et de la Oostenstraat afin d’y construire une seconde synagogue. Cette dernière, conçue par l’architecte juif Joseph De Lange, sera inaugurée en 1929.

La communauté israélite Shomre Hadas, mue par un très grand dynamisme, développe une vie communautaire intense. En 1920, elle nomme le rabbin Mochè Avigdor Amiel, dont l’érudition est célèbre. L’une des premières réalisations de ce dernier, dès son arrivée à Anvers, est la création d’une école juive de jour pour les enfants de sa communauté, l’école Tachkemoni. Par la formation profane et juive qu’elle dispense, cette institution deviendra l’un des fleurons de la communauté juive d’Anvers et l’une des écoles juives citées en exemple dans le monde pour son enseignement de grande qualité.
En 1928, Shomre Hadas acquiert, à titre de cimetière, un emplacement d’un hectare dans la petite commune frontalière hollandaise Putte.

De 1940 à 1945, l’horreur de la Shoah frappe la communauté juive d’Anvers comme toutes celles du continent européen.

Dès 1941, plus précisément le 14 avril, lundi de Pâques, le quartier juif d’Anvers avoisinant la gare centrale est attaqué par une bande d’environ 200 sympathisants de l’occupant à l’issue de la projection d ‘un film antisémite. Les agresseurs appartiennent majoritairement à la SS flamande, la brigade noire et le VNV.

Se dirigeant vers les synagogues de la Oostenstraat, ils brisent, sur leur chemin, les vitres de dizaines de commerces appartenant à des Juifs. Ils pillent ensuite les synagogues de la Van den Nestlei et de la Oostenstraat, y saccagent le mobilier, profanent les objets de culte et mettent le feu aux synagogues, ainsi qu’à la maison d’un rabbin. Cet événement est connu sous le nom de « mini-pogrom d’Anvers ».

On connaît également le lourd tribut que devra subir la communauté juive d’Anvers pendant la période tragique des rafles d’août à septembre 1942 et qui allait coûter la vie à des milliers de ses membres, déportés dans les camps de la mort.

Après la guerre, les rescapés de la « solution finale », élaborée par le nazisme à l’égard de la communauté juive, s’attèlent à la reconstruction des institutions juives dévastées.
Au lendemain de la Shoah, la communauté juive d’Anvers reprend ainsi vie petit à petit.

En 1954, la synagogue de la Van den Nestlei, rénovée, est une nouvelle fois inaugurée et porte dorénavant le nom de Romi Goldmuntz.

L’école Tachkemoni devient l’Athénée Tachkemoni et compte actuellement plus de 800 élèves, toutes sections réunies.

Et la communauté juive d’Anvers retrouve un peu de sa superbe d’antan, toujours grâce à l’investissement quotidien de ses membres, qui font preuve, plus que jamais, de ce dévouement qui caractérise depuis toujours cette belle communauté.